Samedi 3 octobre, une soixantaine de pères d’une personne malade ou handicapée ont marché à travers la France pour rencontrer d’autres pères avec l’OCH. Grégory Roquette, l’un d’entre eux, nous parle de son lien avec son fils Lucas.
L’office chrétien des personnes handicapées (OCH) a organisé le 3 octobre 2020 une « rando des papas » dans différentes villes de France (Lille, Nantes, Marseille, Amiens…) afin de permettre à des pères de personnes malades ou handicapées de rencontrer d’autres pères et d’échanger avec eux. Au total, près d’une soixantaine d’hommes y participeront. Le thème de la paternité est en ce moment sur le devant de la scène, notamment avec la question de l’allongement du congé de paternité. Il a également été mis en valeur le 8 septembre dernier avec le téléfilm Apprendre à t’aimer. Celui-ci, qui raconte comment un père accueille la trisomie de sa fille, a rassemblé pas loin de 4 millions de téléspectateurs. Grégory Roquette, 51 ans, participera à la randonnée organisée à à Lille (Nord). Il est père de cinq enfants, son fils aîné, Lucas, 24 ans, est porteur du syndrome de Prader-Willi, une maladie génétique qui cause un handicap mental et physique léger.
Aleteia : Comment avez-vous vécu l’annonce du handicap de votre fils ? Grégory Roquette : À la naissance, les médecins ont évoqué le fait qu’il y avait un problème. L’image qui m’est venue tout de suite, c’est celle d’un effondrement des possibles. Quand on est père, quand on devient parent, consciemment ou inconsciemment, on imagine que tout est possible pour son enfant, et à partir du moment où il y a l’annonce d’un handicap, tous les merveilleux projets que l’on peut imaginer pour son enfant, on se dit que c’est réduit à néant. Là où on a des rêves, on se retrouve avec beaucoup d’interrogations. Comment mon enfant va-t-il me survivre ? Comment, une fois que je ne serai plus là, mon fils sera-t-il autonome, indépendant et en mesure de mener sa propre vie ? On passe de la joie aux larmes. D’un autre côté, cela n’empêche pas la joie d’accueillir un enfant et de voir un enfant avant de voir un handicap. Même si les médecins avaient un peu « cassé l’ambiance » en nous annonçant des difficultés, une fois qu’on est rentré chez nous, on a pu accueillir notre enfant dans la joie.
Comment votre regard a-t-il changé au fil des années ? Précédemment, le handicap me faisait peur au point que j’évitais de m’y confronter et que si je devais croiser le chemin d’une personne en situation de handicap, j’avais plutôt tendance à détourner le regard ou à éviter la rencontre. C’est ma femme qui m’a permis de faire un chemin vers l’ouverture, la reconnaissance, l’acceptation. Il s’agit de se débarrasser d’un certain nombre de carcans et elle a su le faire beaucoup plus rapidement que moi. Le chemin qu’elle a fait, elle me l’a proposé. Le premier point a été justement d’en parler : en parler à la famille, aux amis, s’en parler à soi-même, s’autoriser à ne pas mettre tout cela de côté et s’interpeller soi-même, reconnaître ce handicap pour qu’il ne devienne à aucun moment un sujet tabou. On le fait parce que c’est un chemin de vie, du coup ça ne fait pas peur. C’est ce qui a permis de tout libérer. Aujourd’hui, on est dans l’acceptation et dans la reconnaissance, et le regard sur le handicap n’est plus un sujet. Ça fait longtemps qu’on a passé cette étape-là et Lucas est un jeune adulte avec ses difficultés certes, mais une personne avant tout.
Quel est votre relation avec Lucas aujourd’hui ? Elle est très forte, dans le sens où il y a une confiance réciproque, une sensibilité à l’autre. Nous partageons le sport, même si nous n’avons pas les mêmes facilités et capacités. Nous avons plaisir à faire du sport ensemble : on court ensemble, on fait du badminton ensemble. On partage nos projets ensemble, que ce soit mes projets professionnels ou que ce soit les siens. Je suis sensible à mon fils, mon fils est sensible à moi. Il y a une connaissance réciproque et nous savons comment nous épauler mutuellement.
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